Bonjour,
Ce n'est pas sans une certaine fierté que je peux enfin dire que j'ai atteint mon but premier, à savoir la remise en route de ma très chère (et dans tous les sens du terme!) 205.
Exactement 15 années et 9 mois après qu'elle s'est arrêtée et que je l'ai stockée dans le jardin.
Dans un garage, puis dehors et enfin sous l'abri que j'ai construit rien que pour elle.
Des années de sommeil, à la voir dépérir, silencieuse, comme une tombe sur lequel le temps passe et grave quelques signes qui nous ramènent à notre propre vieillissement.
Mais si les tombes sont définitives, j'ai conjuré le sort en sortant ses roues qui s'y trouvaient déjà (et c'est pas du flan : elle s'était enfoncée dans le sol de quelques centimètres!). J'ai dit au Dieu des voitures : Polope! T'auras pas celle-là, en tout cas pas tout de suite. Elle va revivre.
Je me suis fait docteur Frankenstein, défiant les cieux et leur volonté. J'ai pris sur moi, appris ce que je ne savais pas : démontage culasse, réfection, serrage au couple, réfection des freins et j'en passe. J'ai acheté tant et tant, dépensé sans compter. Je me suis souvent laissé aller au découragement mais repris avant de toucher le fond. Le temps a couru, plus que je ne l'avais cru. Elle est longtemps restée murée dans le silence, a eu du mal quand j'ai tourné pour la première fois la clé, m'a craché sa rouille en souffle rauque, ses années sur la route, sa fatigue, son mécontentement d'avoir été délaissée si longtemps, comme un noyé que l'on sort de l'eau et qui crache sa flotte. Et puis, ça s'est régulé, elle s'est mise à ronronner, doux son à mes oreilles qui m'a renvoyé à mes années de jeunesse, ma vingtaine. Tout était là, nos aventures, sur les chemins, dans les bois, la route, les autoroutes. Neige, pluie, canicule : toujours là, vaille que vaille, fidèle comme un cheval de trait, jamais à se plaindre. Ma madeleine de Proust, pourtant si fragile, si peu sécure si l'on compare avec les voitures d'aujourd'hui, sécurité oblige, n'a jamais démérité, et c'est sans doute pour cela qu'elle n'est pas allée à la casse, comme un déchet. Tant de temps, mais elle roule, enfin! Petit arbrisseau sec qui revient à la vie, fier et tranquille. Sa face un peu cagneuse m'avait tellement manqué. Je me réhabitue à chaque bruit : la portière, le lève vitre, le coffre et ses vérin. Le train avant toujours bruyant. Et surtout le bruit caractéristique de l'échappement.
Voici deux images, l'avant/après de sa résurrection.
_DSC1720.jpg
renaissance01.jpg
Merci pour les conseils (les plus actifs se reconnaitront), les pièces. Les avis. J'espère rendre ce que l'on m'a donné ici, que ceux qui ont aussi une madeleine de Proust, puisse la faire vivre, ou revivre. Et eux avec elle.
Firstcar.
Ps : la phase 2 du projet sera la rénovation cosmétique.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.